TRAVERSEE ATLANTIQUE - CAP VERT/MARTINIQUE

Après 18 jours de navigation dans le grand bleu en communion avec les dauphins, les poissons volants et les étoiles la nuit dans le ciel, nous avons retrouvé le plancher des vaches le 8 janvier 2012.

GECKO_transat passage pres de la plage des Salines en Martinique

Gecko terre en vue_ enfin !!!

La traversée de l'atlantique à cheval sur les 2 années, c’est pas mal, enfin! façon de parler.
REPORT
Départ mercredi 21 décembre 2011 de la baie de Mindelo au Cap Vert à 15h (heure locale) 17h en France.
Gecko est tout propre débarrassé de la poussière marron déposé par l’harmattan (nom du vent de NE au Cap Vert qui souffle parfois jusqu’à 40 nds) depuis la terre apportant avec lui toute la poussière des iles.
Nous l'avons préparé au mieux et averti qu'il devait être au meilleur de sa forme pendant 3 semaines pour découvrir les mouillages des Antilles.
Thierry lui aussi s'est débarrassé de quelque chose, ses cheveux, boule presque à zéro (du genre boule d'attelle de caravane), il a fait une offrande à la mer, "Ben Didon" cela n'a pas été très efficace hihihihihi.

Durant les 3 premiers jours, on jongle entre du vent de 15 à 20 nds, puis des accalmies, la pression atmosphérique est un peu en baisse (pas bon du tout) ce qui laisse Gecko en sandwich dans de la houle croisée (encore elle).
Des ciels étoilés la nuit, nous apprenons le nom des étoiles, (on sait jamais, s'il faut ressortir le sextant pour se guider: ) ; j’ai du mal à les reconnaître, Thierry se débrouille mieux avec ses notions d'astronomie.

Samedi 24
Le vent forci, ciel nuageux gris de transat, c'est souvent comme cela.
Repas de réveillon de noël : un cassoulet vite réchauffé en équilibre entre la barre de maintient de la cuisine et les marches de descente. Aussi vite englouti dans un bol pour caler nos estomacs dans le roulis coincés tous les 2 dans la banquette du carré car rien ne tient sur la table. Pour boire (je précise de l’eau ou du jus de fruit car il est impossible de boire autre chose pour nous) il faut se lever et sortir nos verres calés derrière le réchaud.
Ca change du foie gras et du saumon fumé servi sur la belle nappe avec les bougies !! pas grave des réveillons avec mon homme on en a eu d'autres.

Dimanche 25 décembre
Nous n’avons pas l’impression de passer Noël sous les tropiques : ciel gris et nuages menaçants, pas un espace pour laisser passer le soleil. Normal nous étions au courant, se sera souvent comme ça durant la traversée.
Des poissons volants (exocets) surgissant seul ou en troupe de l’immensité de l’océan, ils se crachent régulièrement sur les passes avants et dans le cockpit ; Thierry en à sauvé 2 dont 1 qui lui est passé au raz des oreilles.

En mer, nous sommes toujours en contemplation et nous nous émerveillons de tout ce qui vit dans l’eau ou vole dans les airs.
Je suis toujours aussi étonné de voir ces oiseaux de mers (labbes et puffins essentiellement) aussi loin des terres, 300 milles parfois, ils vivent et pêchent en mer et se posent sur l’eau dès qu’ils sont fatigués.


Lundi 26 décembre
Pour la nuit nous réduisons la voilure pour ne pas se laisser surprendre pas les coups de vent, donc on affale le foc de brise sur étai et on laisse seulement le génois sur enrouleur plus facile à réduire en cas de coup de vent.
Résultat : on ne bat pas des records de vitesse et le bateau est moins équilibré.

Mardi 27
Nous vaquons chacun à nos activités en faisant chaque jour des prouesses en maintient de l’équilibre. Pour ma part je me cogne de moins en moins la tête, les genoux et les épaules ; c’est fatiguant de se cramponner 24h/24h même en plein sommeil. Nous dormons beaucoup.

Thierry pensait philosopher, contempler, rêvasser pendant cette transat, pas possible ! le flot ininterrompu de négatif du aux conditions l'en empêche. Cela le rend un peu bougon.

Il est 19h nous faisons un point route : 635 milles de parcouru; il reste 1400 milles à faire, cap au 282°. Nous sommes pour l’instant légèrement un peu trop vers le nord, il faut redescendre par rapport à notre route actuelle.
La nuit le vent passe au Nord et la journée il est ENE, il faut modifier le cap et la position du génois.

Transat Thierry installe des tuyaux anti ragage

Transat Thierry tangonne le genois

Jeudi 28 décembre
Ce matin le vent à forci, 25 nœuds constants accompagnés inévitablement de la hausse de la houle (il vaut mieux dire les houles)
On a un sacré impression de vitesse lorsque Gecko se lance du haut de la vague comme sur un toboggan. Pour les non voileux la transat est une navigation à l’allure portante, vent arrière, ou grand largue pour plus de confort ce que nous essayons de faire.
Bien des gens pensent que l'alizé est un vent au joli nom évocateur de navigation idyllique : le ciel est souvent voilé parfois gris sale toute la journée, la houle (2 à 3 m) courte et croisée déroulant de travers tapent sur le flanc du bateau et le ralenti. La mer est bleue d’acier bardée de blanc et tout aussi chaotique que les coulées de lave des volcans de Lanzarote (bon d’accord en plus fluide).

La transat n’est pas une partie de plaisir mais une nouvelle épreuve. Gecko se déplace dans toutes les dimensions, de haut en bas, de gauche à droite tout en tournant sur lui-même avec les vagues qui passent à toute allure sous sa coque ; sans oublier celles qui préfèrent passer sur le bateau pour faire une petite visite ou venir me réveiller en pleine sieste dans le cockpit.
Thierry prend la barre de temps en temps pour soulager le pilote ; c’est une partie de musculation et de concentration assez épuisante (gloire aux navigateurs avant l’invention du pilote automatique ou du régulateur d’allure).

Ah oui j’avais oublié le bruit constant, vent qui siffle, vagues qui tapent, éolienne en fonction en permanence pour l’énergie car vu l’apparition brève ou inexistante du soleil, les panneaux solaires ne sont pas suffisants.
En règle générale : un voilier est le moyen de transport le plus lent, le plus bruyant (contrairement à ce que l’on croit) et le plus humide. Il faut le savoir si vous comptez en acheter un.
Autre chose à savoir : si vous êtes agacé pour un rien, n’achetez pas un voilier.

Bonne nouvelle : pas un signe de mal de mer pour moi depuis le départ, ça y est la traversée Canaries Cap vert et les mouillages rouleurs de ces derniers temps ont eu raison de ma boussole interne, il était temps !

Après une semaine le rythme à bord s’installe : préparation des petits plats (petits au sens propre), pain cocotte (un peu raté… peux mieux faire mais dans des conditions moins extrêmes pour moi), manœuvres, lecture (pas trop longtemps ça donne le tournis), jeux sur tablette pour Thierry qui râle car il perd 1 fois sur 2, musique (permet de ne plus entendre le vacarme dans le bateau)
La position la plus confortable et la moins fatigante reste celle ou nous sommes allongés soit sur la banquette du carré soit sur le matelas de nav. calé entre le puits de dérive et la cuisine. Il est impossible de se reposer dans la cabine arrière et encore moins dans la cabine avant.

Vendredi 30
Encore un coup de vent dans la nuit ce que l‘on appelle "des grains", nous avons eu du mal a réduire le génois sous une pluie battante ; après s’être fait une bonne frayeur (surtout moi j’avoue) nous avançons à toute vitesse, heureusement les coups de vent sont violents mais brefs nous laissant abasourdis sur le bateau en plein milieu de l’océan.

Je regarde le moins possible la houle qui arrive derrière Gecko… elle monte, elle monte avec son écume blanche à la crête jusqu’à la hauteur du portique puis passe à toute vitesse sous sa coque ce qui permet à Gecko de surfer à 10 nœuds parfois.
Pour les surfeurs amateurs  "du mascaret" la transat en voilier peut être grisante et cela pendant plus de 15 jours non stop. N’oubliez pas la gite et le roulis en sup.

Samedi 31
Dans la nuit nous apercevons les feux de navigation d’un voilier à 4 milles environ sur tribord, pas de signal d’alerte sur le Merveille (leur radar n’était pas en fonction, nous l‘apprenons plus tard par radio).
Thierry a pu les contacter au petit matin à la VHF : c’est un voilier espagnol Geureamesta (Edurne et Asier) que nous avons rencontré à Mindelo, nous discutons en mélangeant un peu d’anglais, d’espagnol et de Français, ils sont aussi éprouvés que nous par les conditions de mer.
Ils ont de l’eau qui entre par la baille à mouillage et leur gouvernail s’est sorti de son boitier; Asier a du réparer en pleine nuit !! Mais a par ça tout va bien, il faut garder le moral, nous ne sommes qu’a un peu plus de la moitié de la traversée.
Edurne nous donne les prévisions météo pour la nuit et les 4 prochains jours. Ils ont un ami en Espagne qui leur communique tous les jours les prévisions météo via leur téléphone iridium. Ca tombe bien Thierry n’a pas pu obtenir le fax météo ce matin avec notre récepteur BLU.

Cette communication nous regonfle un peu et nous fait du bien.
Comme ils avancent à 6,5 nds de moyenne et nous à 5,8, nous ne pouvons plus nous joindre après 24 h car la distance est trop grande. On se donne RV « en Martiniqua » comme dit Edurne.

Dimanche 1er
Bonne année 2012, Thierry se douche sous la pluie, vivifiant.
Record à l’anémomètre : 35 nœuds (force 7), Gecko fidèle à sa réputation de mini tanker ne se couche pas sur le coté, il se cale sur ses bouchains babord et tribord et danse la samba un peu plus vite dans la houle.
On lui parle et on l’encourage car il fait partie de nous maintenant :
- va y Gecko, c’est toi le meilleur, on t’a averti que ça n'allait pas être facile, c’est la dernière ligne droite, alors tiens le coup!

Après le réveillon de Noël, celui du nouvel an : pates chinoises cuites en 5 mn (ca change du cassoulet) toujours dans un bol et pas encore sur la table car rien ne tient même avec l’antidérapant.

Une visite en début d’après midi, un banc de grands dauphins mouchetés (avec l’expérience nous reconnaissons les différentes espèces) ils viennent nous souhaiter la bonne année et nous suivent pendant quelques milles. Ils surfent la grosse houle à 5 ou 6 en parallèle, ils s’amusent comme des fous… ce court moment de contemplation nous procure toujours un grand plaisir.

Nous leur demandons s’ils peuvent calmer le vent et la houle, ils ricanent.

Lundi 2
La nuit à été agitée, par précaution à la tombée de la nuit, nous affalons le foc de brise sur étai et enroulons un bout de génois.
La grand voile est en vacances depuis le départ du Cap Vert, avec notre type de voilier à l’allure portante, nous préférons mettre 2 voiles à l’avant ou 1 seule tangonnée ou pas selon la force du vent et le cap à prendre.

Le jour se lève, c’est l’heure des manœuvres, on se réveille difficilement et courbaturés.
A l’extérieur le pont est humide, Thierry ramasse les poissons volants du minuscule au plus gros venus terminer leur vol sur Gecko.
Je reste dans le cockpit et Thierry passe à l’avant pour préparer le foc sur étai.
- tu n’as pas pris ton harnais (harnais de sécurité + attache sur la ligne de vie), il revient le chercher.
Je suis dans le "pâté", ou est passé la manivelle de winch… elle est forcement sur l’un des 4 winchs.
Les ordres fusent :
- va y hisse le foc, choque l'ecoute babord.
Je tire l'ecoute à tribord, un peu de muscu au winch pour mes biceps et c’est bon.
- t’as rien dans les bras ! le "pitaine" est de retour dans le cockpit, il empoigne la manivelle et en 2 tours la voile est hissée.
-regarde comme c’est facile !
Bof, rien à dire, j’avais déjà hissé les ¾ du foc, je préfère allez manger un morceau sans appétit mais il faut se forcer.

Mardi 3

Thierry parle (ou plutôt cri) à la mer perché sur les bancs du cockpit :
- mais ce n’est pas possible, regarde toi, tu ne peux pas te coiffer… tu ressembles à rien, c’est quoi ce chao, tu n’as pas honte !! Puis après la minute de réflexion d’un surfeur, il reprend :
- je pourrais partir sur la mousse qui déferle en longboard !


Depuis 2 ou 3 jours la chaleur est limite insupportable la journée dans le carré, nous sommes obligé de fermer tous les hublots latéraux au cas ou une vague souhaite rentrer donc il reste juste l'air venant de l'entrée; nous ne savons plus l'heure qu'il peut être réellement, ça n'a aucune importante, le levé et le coucher du soleil suffit pour nous guider.

Nous ne battons pas des records de vitesse, mais qui veut arriver sans casse, ménage sa monture.
Nous naviguons dans le vent fort en dessous des capacités de la voilure du bateau, mais Gecko souffre moins, d’ailleurs quand il est surtoilé, sa coque émet un sifflement pour nous avertir.

Dominique du voilier Lutine parti une semaine avant nous de Mindelo nous avait dit :
- vous allez partir en transat, les alizés seront bien établis, ce sera mieux…
C’est le cas, il n’y a pas de pétole en vue, mais on n’en demandait pas tant, un force 4, allez 5 en rafale nous aurait suffit.

Mercredi 4
Depuis quelques jours, Thierry s’est perfectionné en réception des bulletins météo depuis la BLU connectée sur le PC. Nous recevons bien les cartes, ensuite il faut les interpréter.
Je me demande s’il ne vaut mieux pas savoir ; normalement le vent doit s’orienter plus à l’est avec une houle d’1m50. On va y croire.
Ce matin du soleil, ca remonte le moral après ces journées grisâtres avec un ciel de nuages impénétrables.
En tout cas, le compte à rebours est commencé, il reste 480 milles à faire.

Les 3 derniers jours (5, 6, 7 janvier 2012)
Eole et Neptune ont décidé de nous accorder un peu de répit, un vent de 15 à 20 nœuds et du soleil avec quelques nuages de temps en temps pour ne pas nous éblouir d’un seul coup.
Il est agréable de rester dans le cockpit, nous pouvons prendre nos douches au soleil et manger dehors.
Ces quinze derniers jours nous avons perfectionné notre équilibre dans le roulis mais il nous tarde d’arriver.

GECKO_Transat J-1 samadi 7 janvier au matin plus que 100 milles GECKO_Transat_Atlantique J-4

Dimanche 8 janvier à l’aube nous apercevons l’ile de la Martinique qui se dessine au loin au dessous des nuages. Plus que quelques heures et nous jetterons l’ancre dans la baie du Marin.
Nous avons ralenti notre allure hier soir pour ne pas arriver de nuit.
Nous sentons dans l'air une odeur de poissons (nos narines sont aseptisées depuis 18 jours), peut être le vent porte t-il l'odeur du marché aux poissons jusqu'ici, ou bien un chalutier à quelques milles que nous ne distinguons pas.

Entre les deux iles un effet tuyère se fait sentir, encore une fois le fait de ne pas mettre la grand voile
ne fait pas gîter le bateau, les puristes n'aiment pas, nous on s'en fou :)
- Gecko, t’es content ? Gecko accélère, il sent le mouillage proche ; une fois passé le cap une brise force 5 nous dépose devant le marin. ouffffff
Ultime effort après ces 18 jours éprouvants, jeter l'ancre dans une baie ou des centaines de voiliers sont au mouillage; avec Gecko et sa dérive relevée d'un mètre de tirant d'eau, on peut s'approcher de la mangrove et se trouver une place confortable !!
Ça y est ça ne bouge plus dans le bateau, mais nous avons la tête qui tourne, déboussolés au sens propre ; qu'est ce que ça va être à TERRE !!!
Terminus grandes navigations, nous sommes en vacances aux Antilles.

Énergie: heureusement que nous avions une bonne éolienne, car le rendement avec les panneaux solaires n'était pas suffisant ; le soleil a été trop souvent absent les 10 premiers jours. Le courant produit par l'éolienne était satisfaisant pour les deux gros consommateurs: frigo et pilote automatique.
Le moteur a été allumé 2 fois, en tout 10h. Donc bonne gestion et bravo au Pitaine encore une fois!.

Espace vivable: gecko est un voilier plus confortable au mouillage mais cela nous le savions, surtout grâce à son salon de pont. Ce dernier est quand même un bon atout en navigation car cette vue panoramique nous evite d'être toujours dans le cockpit comme la plupart des voiliers de plaisance.
La cuisine américaine en navigation est moins pratique, aucun calage, à revoir !!
Pas vraiment de couchette de navigation prévue, adaptation dans le couloir du milieu mais cela bloque l'accès.
Les bancs de cockpit ne sont pas adaptés aux longues croisières et aux nuits dehors.
Les voiles chinoises ont bien tenu et la toile n'a pas bougée.
Un tangon a cassé, remplacé par une grande rame en bois modifiée.
Avitaillement : à manger et à boire pour 2 transats
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La taille des photos n'a pas été modifiée, pour les voir , clic dessus et faire enregistrer sous
Gecko file sous génois seul
Transat Gecko file bon train

Le "Pitaine" contrôle les cales
GECKO_Transat verification fuite eau dans les cales

Arc en ciel après l'orage en plein milieu de l'ocean
Transat arc en ciel apres orage

La houle derriere Gecko
transat gecko surfe un grand mascatret

La houle sur le coté
TRANSAT GECKO dans le vent arriere

Incroyable, On y est arrivé !!!
Transat passage pres de la plage des Salines en Martinique

Orage et arc en ciel au passage "Pointe d'Enfer"
Gecko_PointeEnfer

GECKO arrive dans le Cul de Sac du Marin, ouf !!
Gecko_PointeEnfer
C'est beaucoup plus calme ici, presque plus de houle mais de bonnes rafales de vent.
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